Course de porteurs de journaux: La foule a la traversée de la Place de Clichy
L'arrivée du premier, Mougenot, qui fut déclassé
La gagnante des porteuses, Mme. Athanase
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Course de porteurs de journaux: La foule a la traversée de la Place de Clichy |
L'arrivée du premier, Mougenot, qui fut déclassé |
La gagnante des porteuses, Mme. Athanase |
D'année en année, il semble que le succès du critérium cycliste des porteurs de journaux, qui se déroulait dimanche matin à travers les rues de la capitale pour la cinquième fois, augmente de sensible fa¸on. Il y avait, cette fois, un nombre record de concurrents alignés au départ, rue Réaumur et, le long du parcours aussi bien que dans les huit contrôles, un nombre record de spectateurs pour l'épreuve de l'Intran et de l'Echo des Sports.
A tel point que si, dans l'avenir, la vogue du critérium des cyclo-porteurs va encore en progressant, les organisations se verront contraits de supprimer leur épreuve ou, du moins, d'adopter un itinéraire moins fréquenté (le tour de Paris, par example)!... On n'a pas idée, en effet, de l'encombrement crée sur le passage de la course, en dépit d'un service d'ordre particulierement imposant, pas les curieux avides de voir, les innombrables véhicules de toute espêce qui prétendent suivre l'effort acrobatique des concurrents. La cohue est telle, sur la chaussée, qu'il ne faut pas songer à voir quoi que ce soit de la course et c'est alors qu'on se rend compte de toutes les qualitiés d'adresse, de sang-froid, de décision que les "roule-toujours" doivent déployer. Sur leur lourde machine de travail, lestée d'un encombrant pacquet de journaux de 15 kilogrammes, les cyclo-porteurs, zigzaguant en tous sens, se faufilent entre les voitures avec une audace qui fait frémir et accomplissent les 27 kilomètres du parcours à une allure déconcertante. Près de la porte Maillot, un routier très connu qui venait de s'entrainer et se trouvait là avec sa fine machine, voulut essayer des les accompagner pendant un certain temps; mais, au bout de quelques centaines de mètres, il préféra redevenir un simple spectateur, en avouant "que sur ce terrain-là il valait mieux ne pas se frotter aux cyclo-porteurs".
Le plus brillant des concurrents fut, incontestablement, Mougenot, qui réussit à lâcher, un à un, tous ses adversaires un peu après la place de Clichy, au bout de 4 kilomètres de course. Mais le mince et nerveux porteur, dont la souplesse et l'aisance apparurent très remarquables, et qui avait augmenté son avance au fur et à mesure que les kilomètres se déroulaient, commit la faute de ne pas se munir de l'indispensable jeton de contrôle au passage de La Villette-Jean-Jaurèsm et à l'arrivée, place du Tertre, il eut la surprise désagréable, de s'entendre dire que, conformement au règlement très strict, il se trouvait déclassé. La victoire revint donc au deuxième arrivant, Dutot, qui, sur la fin, avait effectué un très beau retour. Il covrit les 27 kilomètres dans l'excellent temps de 56' 34".
C'est dimanche prochain, 26 janvier, que les porteurs de journaux disputeront leur critérium annuel sur un parcours dont on peut dire qu'il est limité par les quatre points cardinaux que sont, pour Paris, la porte Maillot, la place d'Italie, la place de la Nation et la butte Montmartre.
Ils ne seront pas loin de 200 de départ, leur nombre augmentant chaque année, et les concurrents d'une année étant, à l'avance, ceux de l'année qui suit, les jeunes venant renforcer le groupe imposant qu'ils forment.
La lutte est toujours ardente dès le départ et dès la porte Maillot des positions sont prises qui sont dictées par une tactique longuement préparée. Car si, pour la foule considérable qui suit, chaque année, l'épreuve, le spectacle des porteurs, dans leur tenue quotidienne, avec leur bicyclette de travail et luttant à 29 kilomètres à l'heure est attrayant et même passionnant, le compétition, pour les concurrents, a une importance considérable, individuellement, chaque concurrent voudrait gagner. Le premier prix vaut, au surplus, qu'on fasse un bel effort pour l'atteindre. Et toutes les unités d'une équipe pensent aussi à ce challenge de Petit Parisien qui récompensera le meilleur effort des concurrents groupés.
L'épreuve organisée, chaque année par l'Echo des Sports et l'Intransigeant est une épreuve bien populaire. Ses concurrents vivent, quotidiennement, parmi la foule. Ce sont les clubs parisiens qui aident à sa réalisation par l'organisation des contrôles. Et elle a comme terminus cette butte Montmartre - qui s'enorgueillit d'avoir été érigée en commune libre, de par la volonté de quelques Parisiens.
Le passage au pont d'Austerlitz
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Le désespoir de Mougenot déclassé |
Le départ devant l'hôtel de l'Intran |
Le sourire du vainqueur Dutot |
Le succès obtenu par le Critérium des porteurs, organisé par l'Echo des Sports et l'Intransigeant, a été plus considérable encore que les années précédentes. La course a été animée à souhait, encore que dès le début le jeune Mougenot se soit détaché et ait pu finir sans être rejoint. Le règlement stipulait formellement que le passage au contrôle devait être constaté par l'attribution d'un jeton et que les neuf jetons récoltés ainsi devaient être présentés par le coureur à son arrivée. Dans son empressement, Mougenot négligea de prendre le jeton qu'on lui présentait au contrôle de la Villette-Jaurès. Il eut grand tort d'ailleurs, son erreur lui ayant été signalée, de ne pas revenir rapidement prendre son jeton de passage; son avance à ce moment était encore suffisante pour qu'il pût se permettre de perdre une minute. Il ne gagna pas tout à fait d'une minute, mais il aurait pu cependant disputer la victoire à celui qui, derrière lui, put en profiter et qui avait, au demeurant, fort bien couru.
Dutot et son compagnon d'équipe Bernard étaient depuis le troisième contrôle en deuxième et troisième positions, précédant de peu leurs adversaires formant un groupe dans lequel les représentants de l'Intransigeant étaient les plus nombreux. La course d'équipe avait été parfaitement disputée pas les maillots bleu et rouge. Le classement individuel ne pla¸a le premier de ses représentants qu'en troisième position.
Le jeune Dutot avait déjà couru sur route et y avait remarquablement figuré. Il sera soldat dans trois mois, et sa victoire lui fit d'autant plus plaisir qu'elle représentait pour lui le moyen de parer aux difficultés que présente l'équilibre d'un jeune militaire.
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