Critérium des Porteurs de Journaux - 30 Jan 1928


From Le Miroir des Sports (France), 31 Jan 1928:

Lenoir enlève le Critérium des Cyclo-porteurs, v´ritable épreuve d'agilité

Le départ des concurrents du Critérium des Cyclo-porteurs
L'arrivée du gagnant, Lenoir
Mme Conrad, 1re des femmes
Quelques minutes avant le départ du critérium cycliste des porteurs de journaux, dimanche matin, un group de concurrents à qui je parlais de l'épreuve, déclara: - Alignes avec nous quelques grands "as", quelques champions de la pédale. Ce ne sont peut-être pas eux qui arriveront les premiers au but!

C'est très certainement vrai. Le critérium des cyclo-porteurs n'est pas une course; ce n'est pas non plus un cross cyclo-pédestre, encore que les obstacles de toute nature ne manquent pas. C'est un véritable concours d'adresse, de sang-froid, de décision et d'audace.

Certes, les concurrents se trouvent tout à fait dans leur élément: ils ont leur machine de travail, équipée avec freins, garde-boue, pneus de grosse sections et au surplus lestée d'un pacquet de journaux de 15 kilogrammes; mais, si au cours de leur travail quotidien ils ont coutume de trouver sur leur chemin maints encombrements, ils n'en trouvent pas, et c'est heureux, de semblable à celui qu'ils rencontrèrent, dimanche, entre le rue Réaumur et la place du Tertre. Se faufilant avec une adresse et une souplesse inimaginables entre les voitures, de plus en plus nombreuses à mesure que l'on se rapprochait de l'arrivée, rasant avec une folle audace les obstacles dressés à tout moment sur leur route, fon¸ant impétueusement dans le moindre interstice, les cyclo-porteurs accomplirent à toute allure 27 kilomètres à travers les rues de la capitale.

Le départ avait une importance essentielle, car, à partir d'un certain moment, il était bien évident que les lāchés ne pouvaient avoir aucune chance de remonter le courant.

Chazal, de la Presse, tenta le premier de prendre sa chance et passa seul au contrôle de la porte Maillot. Mais, la circulation étant encore relativement aisée, le fuyard fut rejoint. Du côte de la place d'Italie, un peloton de quatre coureurs: Garaudet, Lenoir, Lebreton et Siméoni, se détacha nettement et fila vers le but.

Les petits paris commencèrent de s'échanger. Lebreton, l'"as" de l'U.S. Fontenaysienne, ralliait nombre de pronostics. Lenoir, qui avait bien failli gagner l'épreuve il y a deux ans, rencontrait aussi de chauds partisans; Siméoni, coureur abonné des course des primes au Vel' d'Hiv', avait de fidèles supporters, de même que Garaudet.

La rue Lepic, la "côte de Doullens" du critérium, servit de juge de paix. Les quatre coureurs mirent pied à terre, et c'est le plus frais, Lenoir, de Paris-Sport, qui prit un avantage décisif, après une rude partie de cross cyclo-pédestre.

Garaudet se classa deuxième. Lebreton, arrivé troisième, s'écroula de fatigue en parvenant au but.

Le vainqueur ne mit que 56' 35" pour couvrir les 27 kilomètres du parcours. Ce temps-record n'est-il pas impressionnant?

Lenoir crosses the finish line at Place du Tertre
Mme. Conrad crosses the finish line at Place du Tertre

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