Birot (sur bic. Rols, Pneus Hutchinson, chaine Yellow) Mme. Trébis (sur bic. La Ninette)
Ce second Critérium Cycliste des Porteurs de Journaux, organisé par l'Intransigeant, La Pédale et l'Echo des Sports, a remporté un enorme succès dont le moins qu'on puisse en dire est qu'il fut de beaucoup supérieur à celui de l'an dernier.
Ce n'était pourtant déjà pas mal en 1926. Le Critérium des "Roule-Toujours" est maintenant devenu une épreuve très parisienne, une des pius grandes manifestations du cyclisme populaire.
Quiconque a assisté à l'une des quelconques phases de la course, quiconque a vu la foule qui se pressa depuis Grenelle jusqu'a Belleville, et à bien plus forte raison de Belleville à l'arrivée, ne peut faire autrement que d'en être convaincu.
L'organisation, assurée de main de maître par nos amis C. Wouters et J. de Lascoumettes, de l'Echo des Sports et de l'Intransigeant, fut, en tous points, absolument impeccable.
Un service d'ordre discret, mais fort efficace, contint les élans parfois un peu trop enthousiastes d'une cohue sportive, aussi tout se passa au mieux, et l'on n'eut pas le moindre incident à déplorer.
Notre belle épreuve a pris sa place parmi les fêtes auxquelles ne manque jamais de se rendre le peuple de Paris, dont font partis ces modestes et courageux cyclo-porteurs, qui recueillirent dimanche, avec les acclamations et les applaudissements de leurs amis et admirateurs, le fruit de leurs efforts continus et trop souvent méconnus.
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Parions maintenant de la course elle-même. Sur 197 engagés, 150 concurrents prirent le départ. Sur ces 150 partants, 144 d'entre eux, parmi lesquels se trouvent des porteuses et des mutilés, terminérent.
C'est encore là un résultat splendide, car la course fut extrémement dure, parce que menée à une allure de record. Dans les encombrements, dans les embouteillages, il n'est pas possible de rester en peloton, comme dans les courses sur route. C'est donc, toujours ou presque, un effort individuel qui dura près de trente kilomètres.
Qui a fait un tant soit peu de vélo dans Paris - même sans le porte-baggage et le lourd "papier" - vous dira qu'il s'agit d'un "boulout" terrible.
Ce "boulot" terrible, 144 courageux, sur 150, le terminerent. Si l'on tient compte des incidents de machines ou légers accidents qui se produisent fatalement dans une compétition de ce genre, en s'aperçoit que le déchet est nui, ou presque.
Que dire de plus élogieux, après cela, à l'égard de ces braves "roule-toujours" parisiens?!
Ceci dit pour la masse. Entrons un peu dans le détail et parions tout d'abord du vainqueur.
Albert Birot a fait une course excellente, qui n'a d'ailleurs, nullement surpris les initiés.
Ce jeune coureur, âgé seulement de dix-neuf ans, a fait un meilleur temps que Flahaut, le vainqueur de l'an dernier, qui est cependant considéré comme un vieux routier de la corporation.
L'an dernier déjà, Birot avait mis une excellente performance à son actif et notre ami Langlois, qui s'occupe beaucoup de ses petits poulains, avait grande confiance en lui.
Il a donc tenu ce qu'il promettait.
Souhaitons que cette brillante victoire, acquise devant des spécialistes réputés, lui rende un moral qu'il sembe avoir bien du mal à retrouver.
Birot, qui est très gentil garçon et le sait, semble se désintéresser parfois un peu de vélo. Il rappelle même à ce sujet à certain de ses amis, ce phénomène qu'est Blanchonnet.
Il est d'ailleurs un peu excusable.
Songez qu'il couvre tous les jours des kilomètres et des kilomètres à bicyclette. Il est sursaturé de vélo, ce garçon, et n'a pas toujours envie de s'entrainer, ni même de courir.
A sa place, vous en feriez peut-être bien autant!
Le jeune Albert est entré depuis peu aux Halles Sportives, le club que dirige avec tant de compétence notre ami Pellerin. Il est à souhalter qu'il se rende compte qu'avec les qualités dont il est pourvu, il peut devenir un de nos meilleurs routiers amateurs.
En attendant, il a droit à des felicitations aussi chaleureuses que sincéres. Nous les lui prodiguons avec plaisir.
Derrière le vainqueur, nous trouvons Bernard et Vizel, qui prennent respectivement les 2e et 3e places.
Ces deux petits gars se sont défendus avec une ardeur sans pareille et n'ont succombé que de peu.
Ils ont donc droit, eux aussi, a beaucoup de fleurs, que nous leur octroyons bien volontiers.
Nous trouvons à la sixième place le grand favori de la course: Jules Lenoir qui, sans une insigne malchance aurait fait beaucoup mieux.
Songez que Lenoir a change de roue par deux fois et que, malgré cela, il est venu finir très près des premiers!
Apprenez, en outre, qu'avant sa malencontreuse crevaison, il était en tête avec une forte avance et vous conviendrez avec moi que Jules Lenoir est bien le vainqueur moral de notre deuxième Critérium des Cyclo-porteurs.
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Flahaut, le vainqueur de l'an dernier, fut, lui aussi, bien déveinard, son porte-bagage a'étant cassé en cours de route.
A signaler encore les bonnes performances de Tissot, Denizot, Chazal, Freson, Ferradou, Dogny, Pruvost, etc. etc.
Lorgeou, le vétéran bien connu, qui fut un très bon coureur, enleva haut la main la première place de sa catégorie, se classant 14e du classement général, ce qui est plus qu'honorable.
Le mutilé Crost fir merveille tout au long du parcours. Sa victoire fut vraiment très méritée.
Ce courageux entre les courageux a donné un suberbe exemple de ténacité dont il est normal qu'il soit récompensé.
Enfin, Mme. Suzanne Trébis qui l'an dernier déjà, s'était montrée la meilleure des dames, emporte la palme malgré une douloureuse chute qui l'handicapa fortement. Mme. Trébis, qui est au Capital, nous a dit toute sa joie d'avoir fait la passe de deux - en attendant celle de trois! - et aussi la reconnaissance qu'elle vous à ses "patrons" qui en toutes occasions, se montrèrent particulièrement aimables à son égard.
D'autre part, le Challenge du Petit Parisien est revenu cette fois encore à Paris-Sport dont l'équipe se montra la plus homogène, bien que... la plus "dévernie"!
Le fait de gagner, malgré les ennuis qu'éprouvèrent notamment Flahaut, Delmer et Lenoir prouve surabondamment que l'équipe chêre à notre ami Langlois est, de loin, la meilleure.
Le Soir et La Presse se partagent une excellente seconde place.
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Il nous reste maintenant à adresser beaucoup de remerciements.
Tour d'abord aux personnalités qui avaient bien connu honorer de leur présence la deuxième édition de notre belle épreuve et qui voulurent bien assister soit au départ, soit à l'arrivée;et parmi lesquelles nous citerons MM. Henriy Paté, vice-président, de la Chambre des députés, le lieutenant-colonel Fabry, représentat M. L. Bailby, empêché, notre ami Marcel Delarbre, le sympathique et populaire Biscot ainsi que tous nos confrères de la Presse - petits et grands!
Ensuite à MM. Boulanger et Hussenet, commisaires d'arrondissements, grâce à qui les opérations du départ et de l'arrivée se passèrent dans le pius gand calms et dans la plus grande régularité.
Et enfin, à tous les Clubs et à leurs dirigeants qui, soit dans l'organisation des divers contrôles, soit sur les différentes parties du parcours, nous redirent de signales services dont nous leur sommes très reconnaissants; et, plus particulièrement à M. Pellerin, Président de Paris-Sportif ainsi qu'à ses collègues et collaborateurs des Halles Sportives - Encore une fois merci à tous ceux qui contribuèrent peu ou prou au succès du 2e Critérium des Porteurs de Journaux, organisé par l'Intransigeant, La Pédale et l'Echo des Sports.
Et à l'année prochain!
Le passage des concurrents sur la place d'Italie
Je ne vous donnerai pas un "film" de l'épreuve car, en pareil cas, la chose est à peu près matériellement impossible à faire.
A travers Paris, au milieu de la foule, tour court, de celle des cyclistes, des motocyclistes et des automobiles, on peut voir une partie plus ou moins grande de Critérium des Cyclo-Porteurs, - cela dépend de la voiture, de conducteur et c'est aussi une question de chance - mais ou ne peut pas voir suivre toute la course.
Je vous ferai donc simplement part de quelques petites observations et remarques personnelles, sans aucune prétention de reste.
Du départ à la place Clichy, une pagaïe, terrible et très normale d'ailleurs.
Les dames et les mutilés - touristes-routiers! - partis cinq minutes avant les premières catégories ont les coudées beaucoup plus franches et "embrayent" terriblement.
Crost, qui se classa ailleurs premier de sa catégorie, fait longtemps notre admiration.
Au fait, j'ai dit: notre, car je suis en compagnie de Berrétrot qui speaké à tous les vents sans, naturellement, en perdre une bouchée.
Ou, ce Crost est véritablement un "costaud". Songes qu'à 40 ans, avec un seul bras, ... et pesant 100 kilos, il a tout de même réussi à finir très près des vainqueurs, cela malgré trois bâches. ... et devant combien de jeunes!
Magnifique performance qui, dans son genre, équivant bien à celle du grand vainqueur.
Je suis d'ailleurs, persuadé que ce dernier est aussi de cet avis!
Mais tout a une fin: Crost ne put pas conserver longtemps les... fonctions, au reste fort pénibles, de leader.
Car des "as" reviennent en trombe.
Et parmi ces "as" se trouvent Lenoir et Delmer, deux des poulains de notre ami Langlois... et de Paris-Sport.
Au Trocadero, Delmer, plus débrouillard, prend un léger avantage qu'il conserve assez longtemps.
Le brave petit gars a beaucoup de mal parfois à se frayer un passage en vitesse à travers la foule grenelloise.
A la Motte-Picquet nous arrêtons quelques instants et avons le plaisir de reconnaitre Maurice Brocco, "Coco" est venu en "cyclard", et nous interroge avec un brin d'anxiété.
- Qu est-ce qui mène?
- Delmer...
- Ah! Et Lorgeau, l'aves-vous vu?
Le véteran Lorgeau est un bon camarade de Brocco, et celui-ci ne l'oublie pas l'attendant avec impatiener, prét à l'escorter.
Plus nous allons de l'avant, plus la foule se fait dense.
Des perturbations se sont produites en tête.
Delmer, faiblissant légèrement d'ailleurs, casse sa pédale et doit abandonner.
Lenoir est maintenant seul en tête avec plusiers minutes d'avance.
Tel que nous le connaissons: courageux et pousseur à l'extréme, nous le croyons être le vainqueur de la course, après en avoir été l'un des favoris.
Hélas, la déveine, la noire déveine, la fatalité voulurent qu'un des démontables de Lenoir, un de ces démontables de porteurs de journaux qui ne crèvent pour ainsi dire jamais, rende l'âme.
Lenoir ne se découragea pas pour cela. Il voulut changer de roue et s'empara de cette que lui proposait un suiveur bénévole.
Mais celle-ci était munie d'un boyau monté bien entendu sur une jante en bois.
Et cela, le réglement l'interdit formellement.
Aussi, à peine reparti, Lenoir dut redescendre et changer à nouveau de roue.
Il devait perdre la course.
L'ami Lacquit, qui pilote les "huiles" de l'Intran, Jean de Lascoumettes et Emilien Robert, est heureux comme un roi. Songez qu'il put de livrer, au nez et à la barbe des braves "flics" du service d'ordre - qui, soit dit en passant, fut excellent - aux manœuvres les plus audicieuses et les plus contraires au règlement, en temps normal!
Oregge garda toute la journée un sourire large et radieux qui lui allait à merveille...
On remarquait sur tout le parcours les concurrents de l'équipe de l'Intran qui transportaient tous leur "papier" dans de mangifiques sacs de couleur verte dont les avait dotés notre confrère qui se fit ainsi une excellente publicité tout en donnant à ses hommes et à leurs montures, un petit cachet que n'avaient pas les autres.
Voilà Belleville, puis les boulevards extérieurs sur lesquels se presse maintenant une foule formidable, contenue difficilement par un cordon d'agents.
Et l'arrivée!
Les petits rues, allant sans cesse se rétrécissant, du Vieux-Montmartre, dans lesquelles autos, motos, et vélos s'embouteillent à qui mieux mieux, puis la place du Tertre, le point ou plutôt la ligne finale que franchit Birot, exténué mais oh combien heureux!
A ce sujet, il faut préciser un point, qui parut quelque peu noir à nombre de suiveurs.
On a reproché à Birot d'avoir fait du derrière auto. Le fait est exact: Birot a fait du demi-fond, mais aurait-il seulement pu faire autrement?
Je vous mets bien au défi de ne pas en faire autant lorsque vous êtes entourés de véhicales à moteurs, à grande surface... abritante!
Certains s'étonnèrent aussi que les hommes du Soir et de Paris-Soir, puissent participer à la course, ces deux journaux n'ayant un service de porteurs que depuis fort peu de temps.
C'est une affaire entendue, mais il n'est pas moins vrai que les dits porteurs - le critérium était organisé à leur intention et non à celle des journaux! - peuvent être des vieux du métier qu'il n'y avait aucune raison d'éliminer.
Notre ami Langlois, de la Coopérative des Porteurs de Journaux, exultait à l'arrivée, son équipe, Paris-Sport ayant triomphé malgré tous les avatars possibles et imaginables, tels que le bris de la pédale de Delmer, celui du porte-bagage de Flahaut, la crevaison de Lenoir, etc., etc.
Précision intéressante, à l'intention des curieux: Albert Birot, le vainqueur, avait adopté le braquet moyen qu'est celui de 46 x 18.
Depuis quelques bonnes minutes déjà le boulevard Rochechouart a vu passer Birot, Bernard, Vizet, Tissot, Denizot et l'honorable phalange qui s'est partagée les places d'honneur.
Surgissent tout à coup deux bons pépères qui pédalent désespérément. Les spectateurs - peu charitables - lancent à l'adresse des trainards quelques lazzis... déplacés: "L'contrôle d'arrivée n'est pas encor' ouverte!...."
Sourire aux lèvres, l'un des deux "braves" de répondre; "Vous "crossez" pas pour mézique!.. on n'sait jamias!... Si, les premeirs perdaient du temps à "zieuter" le journal?..."
Et nos deux "brisquards" de continuer leur chemin.
A l'arrivée Mme Trébis était débordante de joie.
Il y a de quoi, n'est-ce pas?
Elle disait: "J'ai bien en peur d'être battue. Au Trocadero je suis tombée et cela m'a fait très mal. Et puis, une pédale s'était faussée. Enfin malgré tout, je suis arrivée première. Ah que je suis heureuse!"
Et maintenant, pour la bonne bouche, une petite historiette très réjouissante, qui pourrait être le digne pendant des Histoires Patagones de mon bon ami Héran. Je vais commettre pour vous une petit indiscrétion dont notre service d'information, qui n'est jamais en défaut, nous a donné la matière.
Cela se passait il y a quelques jours.
Deux des membres de l'état-major de deux grandes gazettes avaient résolu de reconnaître le parcours et de faire un visite à chacun des chefs des douze contrôles de l'épreuve. Vous allez voir que cela va prendre un tour des que plus courtelinesques!
La tournée commença à 8 heures du matin.
- Au premier contrôle - la place Clichy - nos deux amis prirent, quoi de plus naturel! - le café.
- Au deuxième contrôle, le froid étant assez vif, une bonne bouteille de Vouvray, dispensateur de calories, fut jugée nécessaire et périt dans la bagarre!
- Au troisième contrôle, et comme la matinée commençait à s'avancer et les estomacs à crier famine, les apéritifs et autres beverages au nom... chinois, entrèrent en action.
- Place d'Italie, midi était largement sonné lorsqu'arrivérent nos deux compères qui étaient déjà d'excellente humeur.
L'hôte les ayant priés à déjeuner, ils ne crurent pas pouvoir se dérober à une si gentille invitation.
Le déjeuner fut excellent. Je n'en dirai pas plus...
- La reconnaissance du parcours reprit quelque deux heures après.
On avait bien déjeuné et terminé par un excellent café.
- A la Nation, ce fut donc le tour de pousse-café qui, en vérité, s'imposait.
Passé ce point du parcours de place une assez forte lacune dans nes informations.
Que voulez-vous, personne n'est parfait!
- Mais des témoins dignes de foi, égarés la nuit suivante sur les flancs de la Butte Sacrée - ce qu'ils allaient y faire ne nous regarde pas! - nous affirmérent que, sur le soup de deux heures du matin, deux noctambules à l'équilibre... instable, qui avaient ceci de particulier qu'ils étaient en tenue de sport, étaient en grande conférences sur la Place du Tertre.
La conversation était animée. Il était question d'arrivée, d'enceinte officielle... et les deux interlocuteurs esquissaient de grands et larges gestes dnas l'air pur et placé de cette nuit de février...
Interrogés, nos deux amis nous déclarérent qu'ils avaient gardé un excellent souvenir de cette charmante promenade à travers Paris et qu'ils étaient prêts à recommencer!
Dame, cela se conçoit!
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Notre éminent confrère Henri Desgrange m'excusera de lui emprunter son bien, mais le titre de son ouvrage s'applique si heuresement au sujet que je n'ai pas hésité à en coiffer mes élucubrations de cette semaine.
La victoire du jeune Albert Birot dans le deuxième Critérium des cyclo-porteurs, dont on sait le triomphal succès, a été la consécration de ses qualités musculaires en même temps que de ses facultés intellectuelles - mais-z-oui, ô, contempteurs de sport!
Le crack de Paris-Sport a gagné autant avec la tête qu'avec les jambes.
Parti sagement - chi va piano, va sano, comme dirait Aldo Borella - Birot conduisit sa course avec un sens tactique que démontre à l'évidence que la jeunesse n'est pas toujours aussi folle que l'on prétend. Il savait quels redoutables concurrent étaient, parmi la foule des compétiteurs, ses camarades d'"écurie": Flahaut et Lenoir.
Le gagnant de l'an dernier disparaissant accidentellement du "bain"... de soleil, Birot porta toute son attention sur Lenoir, qui, dans une bel effort, s'était assuré le commandement et menait avec une avance appréciable, à mi-parcours.
A ce moment, Birot naviguait dans le groupe des ambulants, des cyclos, des cyclards et des autos innombrables.
Profitant intelligemment de ce service d'entrainement bénévole - et dangereux aussi, pour qui ne sait pas s'en servir... - le petit blanc se glissait adroitement à travers le chaos, utilisant l'aide, involuntaire, au reste, constituée par ces coupe-vent; sautant d'un abri à l'autre, au gré des manœuvres des pilotes, il remontait progressivement ceux qui le précédaient. Et il parvenait, avec un adversaire aussi adroit que lui, à se détacher du gros lot; les deux lascards n'avaient plus devant eux que Lenoir, qui filait rondement.
Las! La stupide crevaison arrêtait l'élan de Lenoir, que le tandem chasseur trouva en détresse.
Alors, Birot sentit l'immense espoir emplir son cœur, il pouvait gagner - il voulait gagner!
Et, utilsant, cette fois, un autre mode d'entrainement, il s'accrocha aux ailes, non d'une auto - ce qui aurait été malin, évidemment, mais pas "très sport" - mais de la Victoire, qui volait devant lui...
Il décramponna son dernier adversaire, en une détente puissante, et s'enfuit éperdûment vers la Butte Sacrée, où l'attendait la gloire sportive.
Et se gosse de 20 ans devint le champion des cyclo-porteurs.
Ce titre, il le méritait, il l'enleva autant par son cerveau que par ses muscles. Rapide et endurant à la fois, souple et adroit, il consacra les qualités qui s'imposaient dans une telle épreuve, qui n'est pas seulement faite pour démontrer la valeur athlétique des concurrents, mais aussi - je devrais dire surtout - les talents que doivent déployer dans leur métier les messagers à roulettes de l'actualité: adresse, audace, débrouillardise.
De quoi, s'agit-il, en effet, dans cette épreuve spéciale?
De transporter des "canards" d'un point à l'autre, dans le plus bref délai, en employant tous les trucs, toutes les combinaisons qui peuvent aider à résoudre le problème.
C'est ce qu'Albert Birot, mieux que tous ses camarades, a réalisé. Il a donc droit à l'admiration des foules - et à la reconnaissance des lecteurs avides de se repaître de la pâture quotidienne.
Le champion des cyclo-porteurs, n'est-ce pas, en réalité, le Critérium du système D.?
Albert Birot et Mme. Trébis terminant tous deux avec la sourire!
Albert Birot, le brilliant vainqueur, n'est pas un inconnu des fervents de la Petite Reine, car il joint à ses qualités de cyclo-porteur, celles d'un excellent routier amateur. Et si, dans cette dernière catégorie, il n'a pas encore conquis le grade de Champion, il n'en est pas moins vrai que son palmarès prouve éloquemment que le jeune homme a de sérieuses qualités. N'oublions pas en effet que Birot est un jeune dans toute l'acceptation du terme.
Parisien du 20e arrondissement, Albert Birot vit le jour il n'y a pas encore 20 ans, puisqu'il fut inscrit sur les registres de l'état-civil le 6 septembre 1907, très exactement.
Tout jeune, il se sentit porté vers la bicyclette et, à 14 ans, il faisait ses débuts dans la rude spécialité dont il devait être l'"as" 5 ans plus tard.
A cette époque, la rubrique cycliste des journaux sportifs n'avait pas de lecteur plus assidu que le jeune Albert. Aussi, à force de lire les comptes rendus des exploits de ses ainés, l'inévitable se produisit!
A 17 ans, il prenait une licence de débutant et, sous les couleurs du V.C. 20e, il faisait ses premières armes dans les interclubs de la région parisienne.
Cette première année de course fut on ne peut plus encourageante, notre jeune héros terminant 10 fois dans les 5 premiers. Non content de cela, il triomphait dans le prix Rovel-Eliver (catégorie débutants), ne succumbant que derrière Thomas qui était à ce moment un de nos meilleurs espoirs.
L'année suivante - nous sommes donc en 1925 - il passe en quatrième catégorie et s'inscrit à l'Association Sportive des Transports où, en compagnie de son camarade Gérin, il va se distinguer tout particulièrement. Tout d'abord, il inaugre triomphaiement la saison en faisant le meilleur temps du Challenge Raspail, la belle épreuve de nos amis du V.C.A.C., où nous lecteurs s'en souviennent peut-être encore, près de 800 concurrents étaient inscrits. Force fut donc aux organisateurs de faire disputer leur épreuve en 2 séries, dont Birot gagna la sienne.
Dans le Prix Berson, notre homme fait une chute assez sérieuse, qui le contraint au repos pendant quelque temps. Nous le retrouvons à l'occasion des fêtes de Pâques, où il va faire coup double, triomphant, en effet, la dimanche dans le Challenge Pascal et enlevant le lendemain lundi, le prix Simon-Juquin. Complètement rétabli maintenant, il continue à très bien se classer, gagnant notamment le Prix Royal-France Signor et le Prix Chariot 8 jours après. C'est plus qu'il ne lui en faut pour passer alors en troisième. Mais cela ne le dérange pas beaucoup, car après une place de 5e il enlève successivement le Prix W.D.S. et le Prix Girardin.
1926 le voit en seconde cat égorie, et licencié en titre du C.S.I.
Mais, d'abord malade, il ne fait rien de particulièrement brillant. Puis, tombant en pleine période de croissance, il est obligé d'interrompre l'entrainement, et quand il peut le reprendre, la saison est bien avancée.
Il termine néanmoins quatrième de Prix du Perreux derrière Ch. Wambst et Ray et troisième du prix de Lagny derrière Chevreaux et R. Driancourt.
Dans le Grand Prix de La Pédale, il est obligé d'abandonner, victime de trop nombreuses crevaisons.
Cette année, sous les couleurs des Halles Sportives, outillé par Rols, il espère bien reprendre la serie de ses succès.
C'est la grace que nous souhaitons à ce jeune coureur, qui, à maintes reprises, fit montre d'excellentes disposition.
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1. BIROT Albert (Paris-Sport), sur bicyclette Rols, pneus Hutchinson, couvrant environ 27 kilomètres en 57 minutes 19 secondes. Moyenne horaire: 25 kilomètres 266.
2. Bernard (Le Soir), en 57 m 43 s
3. Vizet (Paris-Sport), en 58 m 29 s
4. Tissot (Daily Mail)
5. Denizot (Le Soir)
6. Lenoir (Paris-Sport)
7. Chazal (La Presse)
8. Freson (Le Temps
9. Lefeuvre (l'Intransigeant)
10. Ferradou (Paris-Midi)
11. Ragu (New-York Herald); 12. Dutol (Hachette); 13. Tison (l'Intransigeant); 14. Lorgeou (Le Petit Parisien); 15. Linck (La Presse); 16. Dagny (Le Petit Parisien); 17. Pruvost (La Presse); 18. Tresse (La Presse); 19. Cordonnaire (Le Soir); 20. Jolly (Paris-Sport);
21. Challiot (La Presse); 22. Fournier (Paris-Midi); 23. Crost (Paris-Sport); 24. Lebriseaux (Paris-Sport); 25. Talé (La Liberté); 26. Labesse (Le Capital); 27. Monnier (Paris-Sport); 28. Groutard (l'Intransigeant); 29. Argulaud (l'Intransigeant); 30. Basset (Hachette);
31. Philippe (Le Soir); 32. Leinault (La Presse); 33. Schwardz (Hachette); 34. Seiller (Hachette); 35. Tortuaux (l'Intransigeant); 36. Rolnet (l'Intransigeant); 37. Arnault (Le Soir); 38. Huan (l'Intransigeant); 39. Morlot (Paris-Midi); 40. Bibi-Roubi (l'Information);
41. Bonnet (Paris-Midi); 42. Bussard (Paris-Midi); 43. Etchebarrre (La Liberté); 44. Roin (Le Soir); 45. Diendonné (Paris-Midi); 46. Chevalier (La Liberté); 47. Paviotte (Paris-Midi); 48. Froment (l'Intransigeant); 49. Sueur (l'Intransigeant); 50. Fauchois (l'Intransigeant);
51. Legros (Le Soir); 52. Hubert (La Presse); 53. Tuffon (l'Intransigeant); 54. (l'Intransigeant); 55. Bergin (Le Temps); 56. Roinet (l'Intransigeant); 57. Atkinson (Paris-Midi); 58. Fabre (l'Intransigeant); 59. Patoux (l'Information); 60. Marais (Paris-Sport);
61. Magret (l'Intransigeant); 62. Mme Suzanne Trébis (Le Capital); 63. Vialet (Le Fl. Financier); 64. Vergnot (l'Intransigeant); 65. Roville (La Presse); 66. Marion (l'Intransigeant); 67. Raphaël (La Presse); 68. Bauchot (New-York Herald); 69. Blousse (l'Information); 70. Espinous (Coopérative des Porteurs);
71. Deshayes (La Presse); 72. Vittecoq (Le Capital); 73. Thomas (l'Information); 74. Morlet (Paris-Midi); 75. Moreau (Paris-Midi); 76. Jousset (l'Information); 77. Gillet (l'Intransigeant); 78. Ducloux (Revue Vendre); 79. Lasar (Cote Desfossés); 80. Pecout (Le Soir);
81. Berthelin (Le Petit Parisien); 82. Bach (Paris-Times); 83. Botry (La Presse); 84. Guillon (Coopérative); 85. Hespel (Hachette); 86. Puchet (La Presse); 87. Decq (Le Temps); 88. Rolland (l'Information); 89. Agard (La Presse); 90. Cave (La Liberté);
91. Mme Conrad (Aérauto); 92. Mme Mourra (Paris-Sport); 93. Jeunet (l'Information); 94. Birot Marius (Le Soir); 95. Prévost (Paris-Sport); 96. Collardelle (Le Temps); 97. Blanchard (La Presse); 98. Romano (l'Intransigeant); 99. Hervy (Le Capital); 100. Bignebat (Le Soir);
101. Borlemont (Paris-Midi); 102. Irol (Le Petit Parisien); 103. Perin (Le Capital); 104. Codan (Le Capital); 105. Michaud (Paris-Midi); 106. Dumand (Le Soir); 107. Saint-Galmier (Le Capital); 108. Vesseron (Le Petit Parisien); 109. Martin (Paris-Midi); 110. Menneguin (Le Soir);
111. Camelet (l'Information); 112. Clément (Paris-Presse); 113. Mme Dusetier (La Presse); 114. Decleux (Le Soir); 115. Husson (La Presse); 116. Picard (Coopérative); 117. Darlot (Le Soir); 118. Tuet (Cote Desfossés); 119. Deshaye Pierre (La Liberté); 120. Courtois (Coopérative);
121. Mme Michaud (La Presse); 122. Mme Lemasson (La Presse); 123. Darlot (Coopérative); 124. Peyroux (l'Intransigeant); 125. Delem (Le Soir); 126. Belloin (Coopérative); 127. Loye (Paris-Midi); 128. Dupuis (Le Capital); 129. Gary (La Presse); 130. Gueroult (l'Intransigeant);
131. Jupin (l'Information); 132. Hoel (l'Intransigeant); 133. Mme Favier (Le Soir); 134. Favier (Le Fl. Financier); 135. Veillat (Paris-Midi); 136. Delautre (l'Information); 137. Libès (l'Intransigeant); 138. Mme Crost (Paris-Sport);139. Lebret (La Liberté); 140. Lemoine (Coopérative);
141. Barthou (Coopérative); 142. Cabrol (Paris-Midi); 143. Devers (l'Information); 144. Thierry (l'Intransigeant)
1. Mme Suzanne TRÉBIS, sur bicyclette La Ninette
2. Mme Conrad; 3. Mme Mourra; 4. Mme Dusetier; 5. Mme Michaud; 6. Mme Lemasson; etc...
1. CROST; 2. Morlot; 3. Fauchois
1. LORGEAU
1. Paris-Sport, 30 points
2. Le Soir, 57 points (meilleure place)
3. La Presse, 57 points
4. l'Intransigeant, 79 points
5. Messageries Hachette, 109 points
6. Paris-Midi, 112 points
7. La Liberté, 204 points
8. l'Information, 211 points
9. Le Temps, 246 points
10. Le Capital, 253 points
11. Le Petit Parisien, 350 points
12. Coopérative, 390 points
Paris-Sport enleve le challenge pour la seconde fois consecutive.
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